(Juillet
2002 |
AU
JOUR LE JOURNAL LE CONCERT DE 3D-JAZZ A LA GUINGUETTE LE CHING DONG - LE PLACARD |
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Mardi
30 Au départ de ce journal
je voulais informer mes lecteurs sur l'évolution progressive de
mes projets musicaux. En réalité j'écrit des comptes
rendus sur ce qui c'est déjà déroulé. J'écrit
sur ce qui est déjà presque loin dans un passé récent.
Je vais vous parler maintenant d'un concert qui s'est déroulé
il y quinze jours. Deux semaines ! Presque une éternité
! Je suis souvent angoissé et j'ai le trac. Dans ces moments je
suis en retard pour écrire des commentaires sur les répétitions.
D'une certaine façon je fait du journalisme sur le web au lieu
d'écrire un carnet de voyage musical au jour le journal. Lundi
29 Je lis sur mon super écran "porte et fenêtre"
un message électronique de Tadao Takeuchi qui me signale un concert
de "Soul Flower Mononoke Summit" au kiosque à
musique du jardin du Luxembourg. C'est idéal pour me changer les
idées après la répétition éprouvante
d'aujourd'hui. Ce groupe est composé de deux "ching dong",
qui peut se traduire par "aigu grave" ou "ding
boum". Le "ching dong" est un jeu de deux petits
tambours et d'une cymbale accrochée à une petite cage d'oiseau
sanglé sur le devant de l'interprète. Ces percussions réservées
aux femmes se jouent debout en marchant ou en dansant. Le chanteur joue
du "sanshin" ce qui veut dire trois cordes. L'orchestre
est complété par une clarinette, un accordéon et
une basse électrique. L'ensemble fait songer à de la musique
"kleitzmer" nippone avec tendances "rock folk
irlandaise". Takashi Nakagawa jouait du "punk rock"
bruyant. Il a eu une révélation il y a sept ans lors du
tremblement de terre de Kobé. Il a monté cet extraordinaire
groupe de "suchi protest song". L'orchestre joue des
chansons ouvrières du vieil ouest arrangées à l'orientale
et des compositions originales critiquant le capitalisme du Japon. Ils
ont terminé leur concert par une version de "l'Internationale"
qui m'a tirée des larmes d'émotion. Le public composé
de gens âgés, venus pour la plupart par hasard, applaudissait
avec enthousiasme. Tadao Takeuchi m'a envoyé des explications supplémentaires.
Je vous les livre telles quelles à partir de cette phrase. Le répertoire
de "Soul Flower Mononoke Summit" est composé de
chants syndicalistes révolutionnaires, de bluettes début
de siècle et de "jingles" publicitaires. Ce groupe
est un "marching band" du pays du Soleil Levant. La fanfare
"ching dong", du nom d'une percussion portative créée
à cette occasion, a vu le jour vers 1910 dans l'archipel. Un japonais
était tombé sous la charme de l'exotisme d'un "marching
band" de la Nouvelle Orléans. Il avait invité ces
drôles de musiciens à Tokyo. Les instruments occidentaux
du genre banjo et grosse caisse ont été rapidement remplacés
par leurs équivalents japonais "shamisen "et "taïko".
Ces fanfares Interdites pendant la seconde guerre mondiale sont revenues
en force pendant la période de la reconstruction. Elles ont été
supplanté dès le début des années 60 par la
télévision dans sa fonction publicitaire. Le "ching
dong" n'a jamais connu les honneurs d'une reconnaissance officielle.
Il est trop populaire, trop hybride et souvent irrévérencieux.
C'est curieusement la scène "underground" qui
a fait renaître le "ching dong" avec la même force
et la même absence de scrupule que ceux du passé. Le "Soul
Flower Mononoke Summit" est de ceux-là. Ces musiciens
de la scène "punk pop" haïssent l'ordre moral
de Tokyo, la morgue des grands patrons et la politique décadente.
Ils ont emprunté les instruments acoustiques du "ching
dong" en 1995. Leur objectif était d'attirer l'attention
du pouvoir sur la situation des sans-abri, des émigrés coréens
ou sud-américains et des plus pauvres à la suite du terrible
tremblement de terre. Vendredi 26 Comme chaque année depuis trois ans j'ai participé à la nouvelle édition du "Placard" http://placard5.dokidoki.fr/ le fameux événement de musique expérimentale électronique. Trois jours non stop pour 12 personnes équipées d'écouteur individuel. Cette année trois pièces de l'appartement parisien étaient installées pour recevoir l'événement. Deux pièces simultanées à Paris et deux à Tokyo. Chaque pièces de ces deux continents étaient reliées via le réseau Internet en "streaming" et il était possible d'entendre en temps réel les musiciens électronique à l'autre bout de la terre dans la troisième chambre. J'ai joué vendredi à 15h40 heure de Belleville et 22h40 heure de Tokyo. Plus de 250 performances ont été présentées pendant ces 72 heures underground. J'ai suivi de loin en loin ces trois jours noirs et ces trois nuits blanches. J'étais en pleine préparation de mon concert à "La Guinguette Pirate" et j'avais la tête ailleurs. Je ne ferai pas de compte rendu détaillé comme pour l'édition de l'année passée (le Placard # 4). Il faisait extrêmement chaud dans l'appartement de Eve & Hellekin. Il était presque impossible de se saisir d'un casque pour écouter une performance. Il y avait trop de monde en représentation pour pouvoir vraiment se concentrer sur l'écoute de la musique. Il faut songer à trouver des locaux plus grands et passer à 24 casques. L'événement m'a semblé quelque peu victime de son succès phénoménal. J'ai donc présenté "MixoFluxus (pour le 40ème anniversaire du mouvement)". C'est exactement le même projet que j'avais présenté à "l'atelier zéro-un" en avril. (Journal) Avec l'électronique il suffit de recharger le "back up" en data sur le disque dur de la machine numérique et de se remettre dans l'esprit de l'uvre. Et voilà ! c'est prêt à servir ! Ca change des instruments acoustiques ou il faut des semaines de préparation pour jouer quelques minutes. A la fin de ma prestation j'avais demandé à mon fils de m'accompagner avec son"game boy". L'idée avait tellement bien fonctionné l'année passée que je n'ai pu m'empêcher de recommencer. Bien m'en a pris car il m'a permis de remettre dans une perspective intéressante les deux dernières pièces de "MixoFluxus" |
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