(Jan-février
2003 |
Ma
quête du Graal-Moog-Saxo-Fun
|
|
|||||
Les mois de janvier et février
en bref . Ecrire une version style électronique plus ou moins télégraphique et rapide de mon journal. //////// Un café avec Philippe Carles. Moment chaleureux. Il m'apprend le rachat de JazzMan par le propriétaire de JazzMag. Pas de problèmes. Jouer du jazz reste toujours aussi difficile et périlleux pour les musiciens. ///////// Monsieur le ministre de la culture du Brésil. Monsieur Gilberto Gil. Les temps changent. Le temps balance en rythme. //////// Michel Graillier est mort. J'ai réécouté deux fois de suite son disque Agartha avec Alby Cullaz et Bernard Lubat chez Saravah. En 1970 ils jouaient sans problème du free jazz ou du jazz dit moderne. C'était suivant les jours. Miraculeuse beauté. Michel était très sous-estimé. /////////// Salo ou les 120 journées de sodome de Pasolini. Le rôle important de la pianiste m'avait échappé. Suicide final. Un thème revient durant tout le long du film "These Foolish Things (Remind me of you)". Impossible de dormir. Ma quête du Graal-Moog-Saxo-Fun. Voici un texte obscur et probablement incompréhensible pour mes éventuels lecteurs. Ce journal devient très intime. J'écrit juste pour moi l'expérience musicale entendue de l'intérieur. Chaque matin je me lève pour repartir de zéro. Je cherche et je recherche à l'Atelier zéro un comment comprendre ce que je veux jouer et comment le jouer. Certains jours je suis seul et je ne n'entends plus rien à ce que je fait. Je ne sais plus ou j'habite. J'ai demandé à Steve Arguelles de venir dans mon studio pour m'aider à comprendre les rythmes internes des cycles générés par les Moogfooger. Eléments de synthèse analogique fabriqué par Robert Moog. Il me propose de changer l'ordre du circuit. Il me suggère d'utiliser les machines à l'inverse de ce que j'ai fait jusqu'à présent. Il me suggère d'utiliser le son du saxophone en entrée du filtre branché en cascade dans le phaseur. La sortie auxiliaire du phaseur rentre dans le modulateur en anneau. Steve attire mon attention sur la nature rythmique du signal pénétrant dans le filtre. Jusqu'alors je n'envisageait le dispositif que pour générer des continuums sans rythmes définis. Nous avons passé au moins 3 heures à manipuler des ondes sinusoïdes et carrées. Il n'a pas joué de batterie. Je n'ai joué que des échantillons de saxo. Erick Borelva est venu me voir pour travailler ces foutues boucles de son. Je lui ai demandé de se boucler à la volée tout en jouant. La même chose que ce que je fait au saxo. Il rencontre les mêmes problèmes que moi. La boucle est jouée à la perfection mais elle se décale très vite du clic de métronome. Il persévère et me prouve avec la rigueur la plus extrême que mon projet est jouable. Dans le fond du temps. Encore et toujours dans le fond du temps ! La difficulté principale est dans la détermination du point de sortie saisi à la volée par le pied gauche sur le petit échantillonneur. Les deux mains sont occupées à jouer l'instrument acoustique. Le pied droit contrôle la pédale d'expression. Je réussi un essai sur trente. Le dispositif est évidemment conçu uniquement pour la scène. Le projet est conçu sans l'aide d'ordinateur calculant automatiquement les corrections de tempo. Le projet est très casse gueule. Purement analogique Bref, Erick termine la séance en jouant un continuum composé de triples croches. Le rythme se transforme en variation de la hauteur de la note. La boucle est bouclée. Nous revenons au drone de départ. Nous avons gagné une compréhension infime du processus sonore. Il faut persévérer encore, encore et toujours. Avant ces expériences j'ai fait une petite répétition avec Thiery Negro à la basse électrique. Il joue très dub et répétitif. Il décalait très astucieusement d'une triple croche les cycles rythmiques de mon ancien dispositif construit sur le modulateur en anneau. En effet le modulateur ne délivre jamais un cycle régulier. Il ne se boucle jamais de manière carrée puisqu'il donne la résultante de l'addition et de la soustraction d'une fréquence. Peu de jours après j'avais une répétition du même type avec Titus Haufmann. Il est très virtuose et le résultat était très intéressant bien que toujours problématique. Dans une soirée très alcoolisée j'ai rencontré une sorte de sorcier originaire d'amérique latine. Il claque dans ses mains le rythme d'un langage inconnu. Langage magique. Langage extra terrestre. Langage d'un messager d'une ancienne civilisation disparue. Bien sûr je fabule. J'étais complètement ivre et j'avais envie d'imaginer cette histoire pourtant vraie. Le sens de la vie J'ai réalisé une bande de 5 minutes destinée à servir de base à l'improvisation de la série "le sens de la vie" du groupe NHOC dirigé par Didier Petit. Ma pièce porte le titre "Nouvelles impressions technologiques en do". Elle est composée de trois couches de saxo soprano transformées par le Moog. La composition est en Do en hommage à Terry Riley (Je pense à l'historique in C) Troisième lettre de l'alphabet comme Coltrane le grand (Je pense à Daunik Lazro). Lettre C comme Colin et son très beau timbre de clarinette basse. Le groupe NHOC possède un son particulier qui lui est propre. Particules, grains et atomes de sonorité hautement musicales. Ils jouent ensemble depuis plus de dix ans. Ils ont la particularité d'improviser sur des canevas, des scénarios ou juste de se baser sur l'idée d'un titre pour diriger l'improvisation dans un rail conduisant à destination. C'est un truc pour éviter de s'agiter dans toutes les directions. L'écoute est très satisfaisante dans l'acoustique analytique du studio 106 de Radio France. Mercredi 12 février. Par contre j'étais tout à fait déçu par le niveau beaucoup trop bas de diffusion de ma pièce dans la salle. Le technicien avait oublié, dans les premières secondes, d'ouvrir le potard de ma bande diffusée dans le public. Han Bennink et Terrie Ex et BIG aux Instants Chavirés. Vendredi 21 février. Free Grunge. L'ampli basse est réglé en distorsion permanente. Terrie ne joue que dans l'extrême aigu. Dans le programme il s'annonce comme jouant des doigts. Il court dans tous les sens. Il balaye la scène avec le manche de sa basse. Electrique bien sûr. Han Bennink est impérial et majestueusement simple sur sa batterie. Le geste de l'improvisateur me fait penser à celui du peintre abstrait. A l'instant (i) l'improvisateur lance toute son énergie à corps perdu dans le son et le vacarme. Comme le peintre abstrait jette couleur et projectiles instinctivement et brutalement sur la toile. Les grands improvisateurs s'arrêtent de jouer soudainement. Juste avant l'apparition de l'ennui. Un léger sourire aux lèvres. Ils savent avec brio passer de l'agitation la plus extrême à la sérénité la plus absolue. En première partie le duo Big de Fred Galiay et Edward Perraud. Je suis arrivé en retard. Je n'ai entendu que la fin. Même formation basse et batterie. Même esthétique que Bennink et Ex. Galiay et Perraud sont vingt ans plus jeunes. Le résultat m'a semblé plus intéressant que leurs aînés. Moins prévisible. Plus aventureux dans le silence maîtrisé. "La mort de la vierge" de Gérard Ansaloni J'ai écrit une critique de ce disque sur le site www.mouvement.net |
|