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White
Light : peinture de Jackson Pollock
reproduite sur le disque Free Jazz,
a collective improvisation
by the Ornette Coleman double quartet.
Microssillon en vinyle noir
enregistré en 1960
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Le
disque se trouve dans les librairies d'art contemporain, chez "les
allumés du Jazz" et il est distribué chez les
disquaires par " Limonade.org" et par le réseau
"Metemkine". Critiques et réactions dans le
colonne ci contre.
Mars en bref. Version style électronique plus ou moins
télégraphique et rapide du "Journal Web Intime".
Début mars j'ai écrit la chronique de quatre disques
pour les Allumés du Jazz Points de vue & images du jazz,
"The difference between a fish" de Rowe/Doneda/Leimgruber,
"Hype Factory" de Jef Lee Johnson", "Jom
Futa" de Cheikh Tidiane Fall et "Les lèvres
nues" de Pascale Labbé ////////////// Je n'ai pas
mis les pieds au festival "Sons d'Hiver" et je ne
mettrai pas les pieds à "Banlieues Bleues".
A ma grande surprise je n'en ressent aucune frustration. Ce n'est
ni du snobisme ni de l'égocentrisme. Leurs directeurs sont
des gens mal polis et ils méprisent les artistes vivant à
Paris. Ils méprisent les musiciens vivant ici tout prêt
de chez eux. Leur programmation est faible, peu excitante et presque
sans intérêt. Normal je n'y joue pas. Bon je plaisante.
///////////////// "Bimbo Tower". J'y ai acheté un
magnifique T-shirt. Il représente une SP 12 Emulator. Machine
devenue mythique dont je possède en exemplaire depuis 15 ans.
C'est mon style vieux jeune. !/!/!/!/!/!/!/!/ Samedi 15 mars
j'ai été au New Morning écouter "The
Nu-Jazz Music Ensemble" avec Jamaamadeen Tacuma : basse,
James Blood Ulmer : guitare, Calvin Weston : batterie, Fostina Dixon
: saxo. C'était absolument extra extraordinaire, ultra puissant
et beau. //////////////////// Mardi 18 je suis passé
le soir aux studios "Mercredi 9" pour la sortie du
disque "Human Art" au profit de l'association contre
la faim. J'y ai rencontré l'extraordinaire auteur du site www.journalinfime.com
Depuis plus d'un an ce type ultra discret écrit une sorte de
scénario "multi-média" et poétique
sur l'air du temps. Sur le sentiment du jour. /////////////////////
Jeudi 20 J'ai rencontré par hasard Jean Rochard dans
la rue. Le très pointu producteur "Nato/Universal"
partait à la manifestation contre la guerre en Irak. Le soir
j'ai écouté le "Novamix" avec DJ Spooky
sur Radio Nova au lieu d'écouter et de regarder les débuts
de cette ignoble guerre. Pendant une heure il mélangeait brutalement
des sirènes d'alertes genre seconde guerre mondiale et des
musiques dans tous les sens. C'était beaucoup plus "compréhensible"
que tous les reportages sur le guerre possible et imaginable. En tout
cas ce soir je n'ai pas un atome d'énergie pour faire de la
musique. Mais j'ai envie de rejouer quelque sons ultra violents et
renouer avec une expression agressive. Peut-être en rentrant
des échos de saxophone dans les Moog. En serai-je encore capable
? Rien n'est moins sûr. Je me laisse vaincre par le virus de
la fatigue. Colère inconséquente. Impuissance chronique.
//////////////////// La distribution de "White Light" a
failli être encore pire que celle de mes précédents
disques. Accueil très favorable de la critique mais impossible
de trouver le disque
Un vague succès dans les marges
du jazz correspond à des ventes tellement dérisoires.
Et finalement le miracle se produit le 21 mars. Laurent Cauwet
de Al Dante me présente Eric Serva de www.limonade.org qui
est prêt à s'occuper sérieusement de la distribution.
//////////////////// Samedi 22. Le soir je m'écroule
dans un hôtel d'Ajaccio. Fin d'une journée de travail
harassante. J'allume la télé. France 3. "Les
victoires du jazz" au Palais des Festivals. Le "Midem"
à Cannes ! Incroyable. Ridicule. J'éteint de suite.
Je m'interroge. Je ne le crois pas. Je rallume la télé.
C'est bien "Les victoires du jazz". Plans larges
et maladroits sur des places vides. Salle dégarnie. Ambiance
sinistre. Des jazzmen pisse vinaigre. Des jazzmen sérieux comme
des employés de banque en faillite jouent avec un air pincé
et pas du tout sympathique. Heureusement un orchestre d'enfant met
le feu à la salle le temps d'un morceau de standard. La réalisation
de Jean-Louis Cap augmente le sentiment de malaise. La télévision
est une virtuose du mensonge. Elle est aussi une loupe ultra grossissante
sur la psychologie de ceux qui ne crèvent pas l'écran.
Souvent des gens cultivés et brillants passent pour des idiots
et des pauvres types passent pour intelligents et amusants. Même
Coltrane ou Miles Davis auraient eu l'air pitoyables dans cette auto
célébration absurde. C'est tout dire ! Je n'ai jamais
entendu parler de la moitié des jazzmen qui défilaient
dans cette galère hertzienne. Je commence à comprendre
pourquoi je suis si marginal dans ce milieu. Incommutabilité
de la communication télévisuelle. La télévision
n'improvise pas. La télévision ne swing pas. La télévision
joue uniquement sur l'émotion brutale. Sur l'émotion
animale de l'être humain. La télévision est une
grosse salope. Elle écrase l'émotion subtile de la musique
et sa forme.Elle détruit aussi le sens du rythme. /////////////////////////////////////////
Eva Revox a le plaisir de vous convier mardi 25 mars à
la galerie EOF M° Grands Boulevards. Entrée libre! Dress
code :: drop out !! (( outstanding electronics )) Malaise et incertitude
probablement. D'une nouvelle scène électronique en expansion
et adeptes de formes visuelles inédites. Lassés des
lieux de diffusion habituels. Nous tenons à instituer un esprit
de rencontre et de partage d'intérêts. Prétention
insoutenable de ma part. Basé sur l'improvisation le tout sans
laptop. Le collectif explore le design comportemental (behaviour design).
Modules informatiques en une entité autonome au comportement
aléatoire. Le son générant l'image et vice versa.
Attitude punk et bizarreries sonores suscitent toujours la surprise.
Un groupe de formes animées simulant un micro-organisme au
comportement imprévisible. Projet expérimental de musique
en temps réel. Un automate musical connecté à
des sources éclectiques. CNN ou radio soleil. Pop, samba ou
valses viennoises... ///////////////////////// L'excellent Magic Malik
interviewé par Fred Goaty au sujet d'Eric Dolphy. "C'est
comme quelqu'un qui mettrait les vêtements de ses parents pour
les trascher. Il y a un coté travesti, je prends les fringues
de ma mère et je fait le ouf dans la maison pendant qu'elle
n'est pas là quoi
Si j'étais maman jazz et que
Dolphy était mon fils
je lui filerai une baffe d'ailleurs
! mais c'est mon fils, je l'aime hein
" \\\\\\\\\\\\\\\\\\\\
Beaubourg musée d'art moderne. Trois uvres m'ont vraiment
marqué. Alain Séchas. "Les suspects".
uvre de 2000. La musique à un rôle cinématographique
extrêmement réussi. Il s'agit de "Stielle Nacht"
(Douce nuit arrangé par Alfred Schnittke). Un air de Noël.
Plus loin SMS "Shit Must Stop". Genre "New
York the letter edged in black press" de 1968. Six boites
à l'initiative de William Nelson Copley contenant divers objets
envoyés par des artistes connus. Un truc me bouleverse particulièrement.
La bande magnétique de Terry Riley : "Poppy no-good
all night flight (the first ascent)". Pour terminer Naim
Jun Paik. Six aquariums dont une des parois est un écran de
télévision. Chaque aquariums contenant un poisson rouge
affolé. Totalement visionnaire. Fascinant et épatant.
J'en ai oublié le titre. /////////////// Je travaille sur des
bandes magnétiques de François Dufresne pour le label
de Jacques Donguy.Nous sommes entre Bobby Lapointe et les copains
de Guy Debord. Formidable avant-garde des années soixante.
Quête du Graal-Moog-Saxo-Fun (suite) J'ai été
consulter Disco alias Christophe Mink pour comprendre comment jouer
des boucles dans le flux de la musique. Jusqu'à présent
je ne jouait que des boucles abstraites sans trop comprendre leur
vie intérieure. Les boucles doivent être jouées
avec décontraction dans l'allant naturel de l'articulation
musicale. Pour boucler la boucle il faut être dans le swing
de la régularité rythmique. Certains jours j'ai des
vraies crises d'arythmie et je n'arrive à rien. Boucler c'est
comme fermer et achever un instant musical. Contradiction évidente
puisque je cherche à ouvrir ma musique en la bouclant de manière
répétitive. Obsession de la répétition
et répétition de l'obsession. Du point de vue technique
où est la fin de l'obsession ? Où est le début
de la répétition ? Je m'interroge sur le grand mystère
du LFO (Low Fréquency Oscillator). Ensuite Champo Villa
est venu dans mon studio avec son ordinateur portable et il m'a proposé
une sorte de discours parallèle. En ce moment il expérimente
le logiciel "Reaktor" qui permet de construire n'importe
quelle synthèse sonore virtuelle. Le résultat est très
intéressant même s'il ne correspond pas exactement à
mes obsessions. Toujours ce foutu problème d'arriver à
maîtriser la vitesse du Low Fréquency Oscillator.
Maîtriser sa vitesse d'oscillation, donc son tempo, tout en
restant dans la sphère analogique. Yes !
Maintenant c'est la guerre depuis 10 jours
Choc et stupeur
C'était la guerre en Irak. Quelle connerie la guerre
! Je vais au New Morning écouter Jef Lee Johnson. "News
from the jungle" avec Michael Bland à la batterie
et Sonny Thompson à la basse. Ecartez vous bonnes gens ! j'ai
attrapé le virus du "Blues Définitivement Aigu
et Chroniquement Grave" quelque chose comme le BDA&CG.
Maladie contagieuse provenant des USA. Maladie avec un nom de société
anonyme. Ce concert fait parti de l'un des vingt plus extraordinaires
que j'ai entendu de ma vie. ///////// J'ai l'impression d'être
l'homme d'un autre monde. Un individu comme le facteur de Jacques
Tati dans "Jours de fête". Le facteur sur sa
bicyclette en train de pester contre les américains parce qu'ils
roulent en voiture. "Ah bon ! C'est encore les armées
(ricains)". Je ne lit presque plus les journaux. J'ai finalement
vu très peu d'image de cette guerre. Je n'ai pas de télévision
et je ne travaille plus sur l'actualité. J'écoute avec
désintérêt la radio pendant quelques minutes.
Guerre injuste. Pagaille. Pillage. Absence de projet politique au
service de l'être humain. Prise de possession cynique des réserves
pétrolières. ////////////// En vérité
je vous le dit : on ne sait pas vraiment pourquoi cette guerre a eu
lieu, ni ce qui s'est vraiment passé. L'hypothèse de
la guerre pour le pétrole est probablement partiellement vraie.
L'hypothèse de la guerre religieuse est trouble et inexacte.
Ce moment de notre histoire est absolument mystérieux et nous
ne connaîtrons seulement les vraies raisons et les faits réels
que dans quelques années. Y'a un truc qui nous est caché
////////////////////// Ce journal de guerre est mis en ligne à
la fin de la guerre en Irak. Je n'ai pu m'empêcher de continuer
à le rédiger. Difficile d'arrêter un travail en
cours de route. Maintenant je vais peut être arrêter de
nouveau bientôt. ///////////////////// Hôtel samedi soir
à Rennes. Télécommande. Télévision.
Zaping organisé. Johnny Be Good sur la chaîne 2 avec
l'excellente émission de Guillaume Durand "Trafic Musique".
Johnny Bi-route avec son film "X-periment" sur la
chaîne 4. John Biroute réalise de belles images BCBG
(Bon Cul Bon Gland) assez léchées et bandantes avec
une bande son parallèle très réussie. De petites
histoires de cul très bien senties racontées en "voix
off" par des personnages invisibles. Histoires superposées
sur l'image sans articulation narrative. La musique joliment tournée
est signée Noël Ackchoté, Charlie O et une certaine
H comme défonce. Elle articule son et image de manière
très astucieuse. C'est une autre affaire que râles stupides
et cris de jouissance bidon invraisemblablement mal synchronisés.
La superposition de l'image et du son racontant deux histoires différentes
casse l'ennui inévitable de ce genre de cinéma mineur
pour personnes majeures. Charnière de la chair. Histoires réelles
contre histoires fantasmatiques. ///////////////// Première
soirée de la programmation jazz du Batofar. A peine croyable.
Adieu la piste de danse. Des petites tables rondes avec une bougie
dessus et un public clairsemé de gens aisés assis sagement.
Le big band "Vintage" joue correctement des arrangements
de Thad Jones. Aucune prise de risque. Virtuosité ennuyeuse
et prétentieuse. Une caricature de jazz à la française.
J'ai l'impression d'être dans un bateau en train de couler.
L'ancienne équipe de programmateurs est bien loin. Le présentateur
annonce fièrement cette soirée comme la première
présence du jazz sur le Batofar. C'est évidemment faux.
J'y avais joué du jazz bien plus moderne et excitant il y a
trois ans. ///////////////////// Instants Chavirés "Spinvolver"
avec John Oswald & Susanna Hood. L'inventeur du "Plunderphonic"
s'est montré comme toujours subtil et inventif. Echantillonnage
en mouvement enveloppant le corps de la danseuse. La force d'Oswald
réside dans sa façon de situer l'échantillonnage
dans un contexte créatif et dialectique. Il n'organise pas
un simple piratage de toutes les musiques. Il crée une mesure
pour évaluer la reproduction mécanique du son dans son
interaction avec l'être humain. Deuxième partie : Otomo
Yoshihide (platines) Martin Tétreault (tables tournantes).
Ils présentent toutes les variétés de bruit blanc
et de bruit rose possible et imaginable. Les disques de vinyle sont
grattés et transpercés par des clous et de lourdes aiguilles.
Le public absolument enthousiaste jouit en connaisseur du moindre
soupir bruitiste et du moindre crissement aléatoire des platines.
J'ai une attitude de plus en plus romantique et caricaturale vis à
vis de l'univers sonore. Sons purs égale sentiments positifs.
Sons sales égale sentiments négatifs. Le propos est
bien évidemment ailleurs et j'ai tord de ressentir le son de
cette manière déchirée. J'étais ivre.
Je me suis mis à insulter mon ancien ami Jacques Oger sans
aucune raison valable. Le crissement des tables tournantes m'avait
rendu fou furieux. Sur le chemin du retour le mot "amour"
était peint au pochoir sur le macadam. C'était la veille
de la pleine lune. /////////////// Quinze jours après
je suis à nouveau dans une chambre d'hôtel de Rennes.
Je décide de me rendre à l'Ubu vers une heure du matin.
J'aime bien cette salle où j'avais joué il y a quelques
années. Dernière journée du festival "Mythos".
Moulu de fatigue j'écoute le groupe "Prohom".
Le chanteur me fait un peu penser à Benjamin Ritter. Il a une
bonne présence scénique et ne manque pas d'humour. Bons
textes assez divertissants chantés dans un style révolté
post "new wawe". La musique très bien faite
n'avait vraiment rien de révolutionnaire. Je suis parti avant
la fin. La nuit du samedi soir de "France3" semble
s'être spécialisée dans les programmes de cérémonies
genre "Oscar" de quelque chose. Aujourd'hui c'est
les "Nidjinski" de la danse présenté
à Monaco par Jeanne Moreau. Curieuse manie commémorative.
////////////////////// Pierre Barouh à la Maroquinerie. Formidable.
Des chansons habitées et obsédantes. Pierre joue avec
une bonne équipe sur scène. Le trio de Jean-Pierre Mas.
En cours de concert il sort les remplaçants qui attendent sur
le banc de touche. Sa fille à la flûte puis l'équipe
du "Kabaret de la Dernière Chance" au grand
complet avec Anita Vallejo et Oscar Castro. Puis Françoise
Koucheida, Dominic Cravic, Hervé Legeay et un accordéoniste.
Pierre Barouh représente l'essence même de la chanson
française. Maintenant c'est décidé j'arrête
ce journal. Pour l'instant je vais mettre en ligne les chroniques
écrites pour "Octopus" et pour les "Allumés
du Jazz".
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"Jusqu'à
des paroxysmes vertigineux de polyphonie verbale
Déconseillé
aux amateurs de musique d'ameublement." Philippe Carles, Disque
d'émoi Jazz Magazine, mars 2003
"Un
geste artistique autant que musical, intègre et radical."
Alex Dutilh, Jazzman, avril 2003
"Les
sons se télescopent, les musiques s'affrontent, les styles se phagocytent,
les idées se bousculent." Steven Hearn, Octopus, mars-avril
2003
"The
album as a whole is impressive testimony to the diversity and richness
of Brunet's world." Dan Warburton, paristransatlantic.com, avril
2003
"Saxophoniste
non aligné... Brunet va plus loin dans sa science du clash musical"
Philippe Doussot, solenoide.org, avril 2003
"Il
s'agit pour moi du meilleur disque sorti cette année"
Benjamin Barouh, Saravah No Kimochi, printemps 2003
"Like Pollock,
he's one of a group of artist forging a new way of defining art; unlike
the American painter who finally discovered a distinctive style, Brunet
is still refining his methods." Ken
Waxman jazzweekly.com
Original
Message -----
From: Claude Closky
To: Etienne Brunet
Sent: Monday, October 07, 2002 3:50 PM
Subject: Lumière blanche !
Moins de
bruit, plus de sens.
L'Agence Verte
Plutôt
crever que de baisser le son.
Technics
Amicalement,
Claude Closky
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